Veuve anonyme

Veuve anonyme

Bonjour

Je prends contact pour la première fois avec votre association et je m’excuse par avance si ma demande n’est pas en adéquation avec les objectifs de votre association, auquel cas je vous remercie de bien vouloir me conseiller dans cette quête personnelle que j’initie.

J’ai 38 ans, je suis maman d’un petit garçon de 4 ans. Mon compagnon a mis fin à ses jours il y a 6 mois. Il était papa de 4 enfants, 3 aînés issus d’une première union et notre jeune fils. Il était engagé dans une procédure depuis sept ans et avait reçu le mois précédent son suicide, l’arrêt d’appel manifestement à charge, jugeant l’homme jusque dans ses valeurs, en violation du droit d’après les échanges que nous avions pu avoir avec deux juristes et son avocate.

Mais il est manifeste que ces sept longues années, que j’ai traversé à ses côtés, ont eu un impact psychologique évident : traumatisme lié à une garde à vue abusive alors qu’il venait chercher ses enfants pour le week-end, absence totale de réponse du défenseur des droits, conflit permanent, tension manifeste chaque week-end de garde, refus d’un commissariat de prendre en compte une non représentation d’enfants sur la base de la bonne parole de la mère, durée de la procédure en raison de renvois successifs pour absence de conclusions de la partie adverse etc…

Je resterai concise mais il y aurait tant à énumérer.

Au-delà du seul arrêt de la cour d’appel, c’est tout un système qui a broyé un homme. Mon compagnon n’avait plus aucune confiance dans le système. Après ces sept années de procédure, j’en suis au même point. Notre justice est misandre. Nos vies, la mienne, celle de mon fils, de mes 3 beaux-enfants et de nos familles, ont basculé il y a 6 mois.

Je cherche à donner un peu de sens à ce drame et c’est pour cela que je vous contacte aujourd’hui. Si, par un moyen quelconque (adhésion/don bien sûr, mais je pense surtout à un témoignage où tout autre vecteur privilégié par votre association), je pouvais avoir un impact, aussi minime soit-il, semer une graine dans l’esprit de nos législateurs et magistrats, pour un système plus apaisé, plus humain, plus rapide, plus juste… pour que d’autres pères, enfants, compagnes, couples soient préservés de la violence du système, j’y trouverai un peu de sens.

Je vous remercie d’avance pour vos réponses et vous prie d’agréer mes respectueuses salutations.

Post scriptum SOS PAPA

Comme l’écrit cette maman, l’angoisse est grande de « donner un peu de sens ». De fait, les très nombreux pères, parents, grands-parents que nous écoutons et rencontrons, sans aller jusqu’à l’extrémité décrite ici (malheureusement fréquente : plus de 1000 suicides de pères chaque année), sont bouleversés de perdre tout lien significatif avec leurs enfants, et cela contribue à une perte de tout sens de la vie. S’y ajoute bien souvent une perte de repères, d’emploi, des charges financières incohérentes, poussant comme on le constate chaque année des salariés ou artisans de bon niveau à se tourner vers leurs parents, le secours populaire, les restos du cœur !

Sur le sujet : Suicides des agents de la DGSI

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